9 mars 2006
Beowulf & Grendel
Duel dans la boue
Martin Girard
Beowulf & Grendel: un drame épique léthargique.
Beowulf & Grendel, du réalisateur islandais Sturla Gunnarsson, illustre avec sérieux mais sans passion une vieille légende médiévale.
Les temps sont durs pour les légendes et les mythes, du moins au cinéma. De Troy à Tristan + Isolde, en passant par King Arthur, la mode est aux drames épiques dégarnis de tout contenu fantastique, magique ou mythologique. Les dieux, les sorciers et les sorcières peuvent aller se rhabiller. Curieuse tendance, tout de même, lorsqu'on considère le succès phénoménal des Lord of the Rings et autres Harry Potter de ce monde...
Dernier exemple de cette mode, Beowulf & Grendel est basé sur une vieille légende médiévale scandinave qui raconte le combat épique entre un valeureux guerrier et un troll monstrueux. Seulement, dans le film, le troll est un humain en chair et en os, et non une créature mythique. Ce terrifiant colosse (Ingvar Sigurdsson) veut se venger du roi Hrothgar (Stellan Skargard), qui a massacré son père lorsqu'il était enfant. Pour combattre cette machine à tuer, le souverain obtient l'aide du guerrier Beowulf (Gerard Butler), un chevalier droit et courageux.
Filmée dans des paysages islandais d'une beauté sauvage époustouflante, cette production immerge le spectateur dans une atmosphère moyenâgeuse et nordique tout à fait convaincante. Mais y croire ne veut pas dire qu'on s'y intéresse pour autant. Ce duel au sommet entre de preux chevaliers et un barbare qui vit dans une caverne et joue au bowling avec les têtes de ses victimes (je n'invente rien) aurait dû, en principe, générer beaucoup de suspense et d'intensité dramatique.
Malheureusement, le scénariste Andrew Rai Berzins éprouve des difficultés à faire lever la pâte. Son récit s'englue dans des scènes de dialogues explicatifs qui alourdissent le rythme du film au point de plonger l'ensemble dans un véritable immobilisme, que vient davantage souligner le caractère répétitif des situations. Même l'amorce d'une histoire d'amour entre Beowulf et une présumée sorcière (Sarah Polley) ne parvient pas à extirper le film de sa léthargie.
Les choses se corsent un peu vers la fin, lorsque les chevaliers et le troll finissent enfin par croiser le fer. Après tant de bavardages et d'hésitations, un peu de violence et d'action ne fait vraiment pas de tort. Ce qui n'empêche pas le film de s'embourber quand même à la toute fin dans une improbable sentimentalité. Chassez le naturel...
Voir calendrier Cinéma
www.voir.ca