300
Le savoir québécois domine le box-office mondial
David Patry
Le Journal de Montréal
23 Mars 2007,10h14 am
Le film le plus populaire en Amérique du Nord par les temps qui courent, 300, doit ses effets visuels à Hybride, une entreprise québécoise qui a su faire sa marque à Hollywood.
Le film 300 compte 540 plans d'effets visuels, pour un total de 45 minutes sur une oeuvre cinématographique d'une durée d'un peu moins de deux heures.
L'animation d'un loup enragé, d'armées de plus de 100 000 hommes faisant penser au Seigneur des Anneaux et l'incorporation de décors surréalistes se sont avérées une tâche colossale dont 95 employés d'Hybride, une entreprise établie dans les Laurentides, se sont affranchis avec brio.
La commande n'était pourtant pas facile. Inspiré du roman graphique de Frank Miller et de Lynn Varley, une sorte de BD évoluée dont chaque case constitue une oeuvre en soi, 300 s'avère un savant mélange de fiction et de réalité.
Normalement, l'équipe peut juger elle-même si ses effets sont suffisamment réalistes pour satisfaire le réalisateur. Ça a été le cas dans Serpents à bord, dans lequel Hybride a animé de faux reptiles.
«Dans 300, c'était l'inconnu, explique le directeur des effets visuels et un des quatre cofondateurs d'Hybride, Daniel Leduc. Il fallait suivre la vision du directeur artistique.»
«On n'a pas essayé de recréer la réalité, on a essayé de donner un look différent», ajoute sa collègue Sylvie Talbot.
L'équipe de création, dont la moyenne d'âge ne dépasse pas 30 ans, s'est donc assurée d'être suffisamment flexible techniquement pour s'ajuster aux demandes de la production américaine.
Pas moins de 16 mois de travail ont été nécessaires à la réalisation des effets et des animations qui se retrouvent aujourd'hui sur nos écrans.
Le résultat est impressionnant. Tellement qu'Hybride considère avoir participé à l'émergence d'un nouveau style cinématographique, au même titre qu'elle l'avait fait lors de la sortie de Sin City.
«Un jour, je me suis fait dire par un client : Si tu ne sais comment faire quelque chose, appelle chez Hybride, ils vont trouver», raconte fièrement Daniel Leduc.
Les projets défilent
Présentement, Hybride planche sur un autre projet américain, Journey 3D, un film d'aventures mettant en vedette Brendan Fraser.
Il s'agit d'une aventure au centre de la Terre, et Hybride est en charge de créer les environnements virtuels dans lesquels évolueront les acteurs.
Pourquoi l'entreprise québécoise arrive à se démarquer de ses concurrents ? «À cause de notre approche et de notre intégrité, répond Daniel Leduc. La qualité de ce qu'on génère fait que les gens reviennent nous voir.»
Malgré un succès incontestable du côté de Hollywood, Hybride ne délaisse pas pour autant les productions québécoises.
Les artistes du numérique de l'entreprise mettent d'ailleurs la main à la pâte pour L'Âge des ténèbres, le prochain film de Denys Arcand.
«C'est très important pour nous. Ce n'est pas parce qu'on a fait 300 qu'on ne fait plus les plus petits films», confirme Sylvie Talbot.
http://www.canoe.com/divertissement/cinema/nouvelles/2007/03/23/3813730-jdm.html